Une vie bien remplie dont la famille est partie intégrante: « Lucette, est peintre, elle me donne des conseils artistiques lorsque je la sollicite, et notre fils me prépare certains sujets sur ordinateur en les scannant et en les réduisant en zones de couleurs dégradées (16 couleurs), ce qui facilite mon travail ultérieur
».
Brillant informaticien, son fils Jean-Luc (ceinture noire d'Aïkido) a en effet mis ses talents au service de ceux de son père, en créant pour lui un site remarquable sur Internet.
Histoires de passion donc, de passions qui s'entrecroisent, s'épaulent et se renforcent.
Passion où s'exerce la mémoire. Celle de Bernard est faite de la fascination qu'exerçaient sur lui les artisans ébénistes-marqueteurs, voisins de ses parents: «
Le bois est une matière extraordinaire à travailler. Le plaisir est dans le toucher, le grain, la chaleur qui en émane ».
Une fois revenu dans sa région natale, il n'eut de cesse d'apprendre les arcanes de cet art, devenant l'élève d'un de ces artisans magiciens marqueteurs.
Découverte de gestes et de savoirs ancestraux, école de rigueur et d'exigence. Sa fascination ne se dément pas. l'élève va très vite souhaiter voler de ses propres ailes:
« Les techniques
traditionnelles ne me satisfaisaient plus. Je les trouvais trop contraignantes. J'avais envie d'aller au-delà, de trouver mes propres moyens
d'expressions.»
C'est ainsi qu'après avoir
utilisé la technique du filet, par juxtaposition de petits morceaux, de languettes de bois rectilignes, il passe à la superposition de morceaux plus importants. |
De cette façon, il obtient, lors du ponçage de la dernière couche, un effet de transparence ou de flou qui donnent à son oeuvre une fluidité et un rendu des
mouvements étonnantes, vérité, Il ne s'arrête pas Il veut de la couleur, de la diversité, et c'est le copeau qui va lui donner la solution, Lorsqu'il crée une composition
Bernard a besoin d'une planches, contre-plaqué, sur laquelle il esquisse ses motifs. II commence par le sujet le plus important, et colle sur son support les éléments de bois correspondant dans les essences les plus dures. Vient ensuite le travail de sculpture des morceaux collés sur le support. II adoucit les angles, donne les Tonnes, puis, à partir d'essences plus tendres, les superpose au travail précédent, posant ses copeaux là où il souhaite donner des effets de lumières, d'ombres ou de couleurs.
Dernier acte, il pose le (ou les) fonds) qui recouvrent) la totalité du tableau. Ace stade, (aspect de la composition est déroutant, puisqu'on ne voit qu'une planche sur laquelle serait collé un ou plusieurs grands morceaux de feuilles de bois. C'est alors qu'il procède à un serrage à chaud, qui sera suivi du ponçage révélateur de
l'œuvre dans son ensemble.
« Ce qui est magique dans le ponçage, c'est qu'on voit apparaître en dernier ce qui doit être vu en premier: le sujet
principal, »
La magie opère, le résultat est surprenant, comme d'une toile dont la peinture serait de bois. A mille lieues de ce que l'école Boulle propose, et que d'ailleurs Bernard n'a jamais travaillé. De véritables oeuvres, unique, par leur nuances, leurs couleurs et leur vérité: |
«
Même si je le voulais, je ne pourrais jamais refaire la même chose. Faire un même sujet reste toujours possible, mais il est impensable de prétendre retrouver le même dessin dans un bois, la même forme, et les mêmes nuances dans les
teintes.»
Une passion où Bernard se ressource et laisse vagabonder son imagination. Un équilibre et une harmonie à l'image des choix de vie
qu'il a fait siens.
Jean-Philippe Robert
Photos Jean-Luc Ziegler |