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    Passion    

Dimanche 21 janvier 2001


Une vue du pont de Gray (70).


Des heures de patience.

Policier le jour Marqueteur la nuit

A Vaire-Arcier, dans le Doubs, Bernard Lacombe domestique les copeaux
pour en tirer de véritables oeuvres d'art.

Gardien de la paix le jour, Bernard Lacombe se met à table le plus clair de ses nuits, dans sa maison de Vaire-Arcier, non loin de Besançon. Le képi à peine ôté, il reprend une oeuvre de haute tenue. Et il passe à tabac toutes les essences de bois afin qu'elles annoncent la couleur...
Pas une minute à perdre! Il avale un sandwich et une bière. Puis il retourne torturer un minuscule morceau d'écorce, à l'orée d'une nuance ou d'un flou, afin de parfaire un dégradé: Bernard Lacombe est probablement le seul au monde à utiliser les copeaux, ces tranches de bois, ces morceaux d'instants qui étincellent. Il taille les bois si fins qu'il parviendrait presque à en découper la sève!

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Le chaton

Les Tournesols de Van Gogh exigent des doigts d'air et d'eau. Des doigts mouvants, invisibles comme le temps. Des doigts d'été et de gros temps, de bruine, d'océan. La forêt est sa palette. Et il affûte sa futaie en souriant à cette vie qu'il réinvente.

Deux écoles

Teintés, naturels ou oxydés, l'hêtre, le charme ou le peuplier autorisent tous les tons, sombres ou ensoleillés. Le cutter, le serre-joint, le papier de verre, la colle constituent son univers. Et il ponce, et il ponce, pour qu'apparaisse dans la veine d'un bois, une autre transparence.
La marqueterie a deux écoles. Boulle vulgarise la méthode officielle dite du bord à bord. C'est un puzzle: chaque pièce s'encastre, toutes les lamelles de bois s'épousent.
Bernard Lacombe, lui, développe la technique de la superposition, une technique de marqueterie unique, qui permet des nuances plus délicates et des motifs plus ciselés. II convient de poser d'abord les bois les plus durs, puis les plus tendres. Un ponçage approprié fera le reste. Les différentes couches, alors, ressortiront, jour après nuit, lendemain après lendemain, faisant apparaître un paysage ou un portrait.
Une discipline qui réclame des heures de patience, une existence, voire plusieurs tyrannique, la beauté a toujours été une dévoreuse de temps humain. 

Mais le moulin de Daudet reconstitué ainsi, avec mille éclats d'arbres, est comme un beau meuble dont la douce patine fleure bon l'éternité.
L'artiste commence à être connu et reconnu en France, à la télé et à l'étranger. Il expose à Genève, il refuse beaucoup de salons: la chance lui sourit. Peut-être parce qu'il continue à toucher du bois?

 

 Texte et photos: Jean-Paul BRUN  

 

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Les Tournesols de Van Gogh revisités

 

 

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