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 RENCONTRES 
P o r t r a i t s   d e   g e n s   r e m a r q u é s

MARS - MAI 2001

Bernard Lacombe, poète en marqueterie
AU MILLIMÈTRE PRÈS, CÈDRE, PALISSANDRE OU AMOURETTE S'ENFLAMMENT EN COUCHERS DE SOLEIL
OU METTENT EN SCÈNE LES PAYSAGES DE SON JURA NATAL.


Virtuose de la gouge et du burin, ce passionné de longue date de l'art sur bois procède par superposition de différents placages de saule, frêne, peuplier ou d'essences venues d'ailleurs... Oxydé ou teinté dans la masse, le bois travaillé offre une palette de tons nuancés.

Bernard Lacombe est un personnage à part. Le soir venu, il quitte son uniforme de gardien de la paix pour enfiler, toujours avec le même plaisir, sa blouse d'artiste. Ce quinquagénaire de Corcelle, petit village du Doubs, se passionne pour la marqueterie depuis sa tendre enfance, lorsqu'il se faufilait à pas de loup dans l'atelier d'un voisin ébéniste, marqueteur à ses heures. « Je pouvais rester des après-midi entières à épier son savoir-faire, sa méticulosité.» Bernard en apprivoise peu à peu les gestes soignés, la patience,

la précision, et s'isole des heures durant dans son atelier de récupération. L'ancienne cuisine rutilante, convertie en établi jonché de copeaux et sciures, est parfumée d'effluves de cire d'abeille et encombrée du sol au plafond de petites boîtes débordant d'essences de bois de toutes sortes. Serre-joint, burin, gouge, ciseaux à bois et papier de verre, tous les outils de l'artisan sont soigneusement alignés. Le travail peut commencer ! C'est là que notre homme se démarque des marqueteurs traditionnels qui scient ou sculptent les pièces de

bois avant de les assembler à plat à la façon d'un puzzle. Bernard a une tout autre technique de travail. Après avoir dessiné un motif sur une plaque de contreplaqué, il choisit ses différentes essences: de la loupe de noyer pour un ensemble de buissons touffus ou de l'érable teinté pour les feuillages. Puis l'artiste colle et superpose sur chaque motif la feuille correspondante, fine de quelques dixièmes de millimètres. Il procède ensuite par ponçage pour retrouver la forme dessinée. Clochers de villages, scènes de labour ou paysages apparaissent

alors comme par enchantement. o Chaque bois, explique-t-il, possède des particularités de couleurs, de malléabilité et de forme... Selon l'endroit de la coupe, la veine du bois varie : elle peut être droite, courbe, tortueuse... et c'est cela qui donne perspective et volume au tableau. » Sculpteur ? Peintre ? Magicien ? « Je suis tout simplement marqueteur ! » répond-il un sourire au coin des lèvres.

PAR MARIE-JO GACEK. PHOTOS PATRICE GAVANT. STYLISME JEAN SONNET.

 

 

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