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M A G A Z I N E S |
N°38 |
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L'esprit |
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le travail du bois. Il s'y consacre depuis...
«presque toujours» dit-il. La fascination pour le noble matériau l'habite sans doute autant aujourd'hui qu'hier quand, tout minot, il passait des heures à observer un voisin de ses parents, ébéniste de métier et marqueteur par passion. Et ce n'est pas un hasard si un de ses premiers cadeaux de Noël fut un établi. Depuis et avec la même passion, |
Bernard Lacombe a fourbi ses propres armes,
gouges et autres ciseaux à la main, cherchant opiniâtrement à percer le
secret des essences indigènes ou exotiques, à les décortiquer, au
besoin au scalpel, avec précision et douceur afin qu'elles parlent.
Qu'elles « lui » parlent pour « nous » parler... Le plus étonnant est que, sans avoir jamais suivi les préceptes de l'école Boulle - bien qu'il en admire la qualité -, Bernard |
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Homme des bois. Bernard Lacombe va profiter de sa retraite pour développer et peaufiner son sens de l'essence. et laisser libre cours à cette fibre artistique qui le chatouille depuis l'enfance.
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Bernard Lacombe est un homme heureux. Dans le petit village de Corcelle, sur les bords du Doubs près de Besançon, entre les sources d'Arcier et le beau château de Vaire-le-Grand, en passant par les roseraies Sauvageot... l'homme prend aujourd'hui sa retraite et va pouvoir consacrer encore plus de temps à activité qu'il préfère : |
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Lacombe a fini par trouver, dans la marqueterie,
ce qu'il cherchait : un langage, son propre langage. Volumes et volutes L'espèce de pièce montée, d'apparence étrange, informe, obtenue après serrage à chaud devra en effet dévoiler, au ponçage final, toute l'inspiration qu'il y a mise. En fait, Bernard Lacombe raisonne, pourrait-on dire, à contre-pied, pour pouvoir, une fois son matériau prêt, |
en explorer la substance. Ainsi,
pour une figure, lui faut-il envisager préalablement les yeux, le nez, les
traits marquants, les creux et les ombres aussi, qui se dessineront presque
en volume au moment décisif. L'effet est saisissant. |
et à des nuances subtils : de flous, de
profondeur, de perspectives. L'énergie le disputant à la douceur dans des
fondus et des transparences délicates où la qualité des bois s'exprime
pleinement. « C'est la matière qui parle », confirme Bernard Lacombe. Et quelle matière ! Dans l'ancienne cuisine de la vénérable maison familiale qui lui sert d'atelier, l'artiste veille jalousement sur un trésor dont lui seul peut révéler la valeur et qui |
Les couches de bois sont empilées, puis patiemment rabotées au
ciseau à bois pour réduire leur épaisseur. |
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est constitué de feuilles de bois exquis :
acajou, citronnier, alisier, bouleau, châtaignier, chêne, érable, érable
moucheté, frêne, hêtre, merisier, palissandre, noyer, poirier, bois de rose,
platane... |
tour, en touches de lumière impressionnistes, dans ses futures « toiles » de bois. Cette valorisation des copeaux est d'ailleurs devenue un peu la marque, la griffe de l'artiste de Corcelle, qui est le seul au monde à les utiliser. Parole de la matière Son art si original
particulièrement apparent dans ses créations Le Labour, L'hôtel Guyot de
Levier, Cheval blanc, Le Violoniste, Corcelle sous la neige, Citadelle,
Champ fleuri, Peau-Rouge (au panache majestueux), etc. - lui a ouvert de
prestigieuses portes dans des salons et expositions au-delà des frontières
régionales, à Tramelon (Suisse) notamment. |
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ler et 2 décembre 2001 lors de Art'Thise, le 9
décembre à Etalans, le 19 mai 2002 à Sancey-le-Grand, avant qu'il n'expose
à nouveau du côté helvète pour Art Basel en juin, l'année prochaine.
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Chaque brin d'herbe de ce paysage de Vaire-Arcier (dans le Doubs) semble avoir été reconstitué à partir de myriades de lamelles de bois. Tout l'art. de Bernard Lacombe est là. Texte : Samira Nezzar
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