M A G A Z I N E S            
 

 



 

 

 

M A G A Z I N E S  

 

  

T A L E N T S

MAI-JUIN 2000

Le bois pour
unique vêture

 

L’allure athlétique, le regard pétillant, il incarne la joie de vivre. Spécialiste en arts martiaux, ce franc-comtois excelle en judo, karaté et aïkido et possède cette rigueur que confère la pratique de ces différents sports. Pourtant sa passion est ailleurs. Pour la comprendre, il faut remonter le temps et découvrir un jeune adolescent subjugué par le travail d’un artisan d’art sur bois. « J’ai toujours apprécié le bois » indique Bernard, « J’aime son odeur, ses différentes couleurs. Adolescent, j’étais fasciné par ce travail du bois, par toutes les possibilités qu’il offrait. J’ai décidé d’apprendre ». C’est ainsi que Bernard découvre la marqueterie. Pendant de nombreuses années, patiemment, il s’initie à cet art fort délicat. Aujourd’hui, Bernard excelle dans celui-ci et nous explique sa méthode de travail. « Je travaille par superposition, c’est une méthode unique et nous sommes très peu en France à l’utiliser ». En effet, elle est totalement différente de la technique en partie et contrepartie de l’école André Charles Boulle qui consistait à incruster de la nacre ou de l’écaille de tortue dans du cuivre ou de l’étain. Devant un tableau à peine ébauché, il précise : « en marqueterie, ce que l’on veut voir en premier, doit être posé en premier. Il faut raisonner à l’envers ». Après avoir dessiné le motif au crayon, Bernard superpose différents placages de bois. Ensuite, il effectue de multiples ponçages qui vont révéler les motifs. « On choisit le bois généralement en fonction des dessins »  indique Bernard, « chaque bois possède des particularités de couleurs, de malléabilité, de formes…On pourra par exemple utiliser de la ronce de noyer pour les courbes ».

A certains endroits, Bernard sculpte délicatement à l’aide d’une gouge ou d’un burin. Parfois, il réalise des incrustations ou travaille selon la technique du filet (collage de très fines lamelles de bois). Chaque tableau nécessite des heures innombrables de travail, de la patience et une grande dextérité. « Mes heures, je ne les compte pas » précise Bernard en riant, « cela donnerait le vertige. C’est très simple, je passe tout mon temps libre à mes créations de marqueterie ». Ses réalisations sont d’une beauté infinie : paysages bucoliques aux couleurs vespérales, méditation poétique, portraits… Irisé, moiré, satiné, noueux, strié, le bois accroche la lumière et donne profondeur et intimité aux créations. Bernard Lacombe utilise des bois de nos régions comme le saule, le frêne, le peuplier…mais également des bois venus d’ailleurs ou précieux. Oxydés ou teintés dans la masse, ils offrent une palette de tons exceptionnels et permettent la création de tableaux versicolores. « Mais attention » indique l’artiste, « il n’y a aucune touche de peinture. Du bois rien que du bois. Certaines personnes ont du mal à me croire. Pourtant, je ne travaille que le bois que j’utilise teinté dans certains cas ». Lorsqu’on lui demande les sensations qu’il éprouve, il répond aussitôt : « J’apprécie la marqueterie pour la liberté d’expression qu’elle me procure, au gré de mes rencontres et de mes envies, je crée. Je n’ai pas de sujets de prédilection, tout peut devenir œuvre d’art. Ce que je recherche c’est l’harmonie comme en aïkido ! ».

Marie-Jo GACEK

A Corcelle, dans le Doubs,
Bernard Lacombe
est un virtuose
de la gouge et du burin.

 

 

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