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n°177

MARQUETERIE

JANVIER 2000      pages 44-45

Le bois
dans tous ses états

Avez-vous déjà contemplé le vert profond des sapins du Haut-Doubs,
le balancement des peupliers sous le vent ou la majesté des hêtres
dans nos campagnes ? Le bois omniprésent dans notre région
a subjugué Bernard Lacombe dès son plus jeune âge.

 

qui invente son fameux procédé en partie et contrepartie, qui consistait à incruster de la nacre ou de l'écaille de tortue dans du cuivre ou de l'étain. Bernard, lui, travaille par superposition (technique unique). Devant un tableau à peine ébauché, il indique :
« en marqueterie ce que l'on veut voir en premier, doit être posé en premier. Il faut raisonner à l'envers. Ensuite, on ponce, on sculpte ou l'on incruste et le moti
f apparaît ».

L'assemblage des couleurs sur bois rends l'impression de liberté que Bernard Lacombe cherche dans la création.

Patience et habileté

     Chez Bernard, la marqueterie est une histoire de famille. Son fils (informaticien chevronné) scanne un motif. Lucette, sa femme, lui donne des conseils pour les couleurs (elle peint à ses heures perdues) et comme l'indique si bien Bernard: « les femmes sont plus intuitives, elles ressentent les choses mieux que les hommes ». En premier lieu, le motif est réalisé au crayon sur la plaque de bois. Débute alors un travail

La diversité, les couleurs, les mille façon de travailler le bois émerveillent le jeune adolescent. Sa rencontre avec un artisan d'art sur bois est à l'origine de sa passion pour la marqueterie. Aujourd'hui Bernard excelle dans son art et nous invitent à découvrir ses créations.

Quelques copeaux
d'histoire

     Grand, l'allure athlétique, le regard franc et l'humour ravageur, Bernard Lacombe possède de multiples cordes à son arc. Spécialiste en arts martiaux, il collectionne les ceintures noires, jonglant allégrement du judo au karaté pour s'épanouir dans l'aïkido. Dynamique et rieur, adorant jouer le " macho ", son regard s'illumine lorsqu'il parle de la marqueterie.

  « Le bois, j'ai toujours aimé ça. J'adore son odeur. Je ne suis pas Franc-comtois pour rien. Vers douze ans, j'ai découvert les créations d'un artisan. J'étais fasciné par ce travail du bois. J'ai décidé d'apprendre ».
Avec beaucoup de pédagogie, il explique les multiples étapes d'un art fort singulier. Il souligne qu'il ne travaille pas le bois selon les méthodes ancestrales. En effet, la marqueterie existe depuis fort longtemps. Elle était pratiquée par les Égyptiens sous forme d'incrustations de pierres précieuses et d'ivoire pour décorer les meubles. Au Moyen Age, Venise et Byzance sont les principaux centres de production. À la renaissance réapparaît un ancien procédé " l'intarsio " pratiqué par les Romains qui consiste à réaliser de petits tableaux par un assemblage de pièces de bois de différentes couleurs. Au milieu du XVII e siècle, la marqueterie devient à la mode en France grâce à Jean Macé, puis à André Charles Boulle

 

gigantesque où la patience, la minutie et l'adresse sont essentielles. Bernard superpose différents placages de bois.
« Le bois est choisi le plus souvent en fonction du dessin, explique-t-il, chaque bois possède des particularités de couleurs, de formes, de malléabilité.. On pourra utiliser par exemple pour les courbes de la ronce de noyer, bois tourmenté et noueux ou du tilleul pour réaliser une fougère ». Ensuite l'artiste effectue de multiples ponçages qui vont peu à peu révéler, les motifs. A certains endroits, Bernard sculpte délicatement à l'aide d'une gouge ou d'un burin. Parfois, il réalise des incrustations ou travaille selon la technique du filet (collage de très fines lamelles de bois). Apparaissent alors comme par magie, des brumes hivernales ou des couleurs vespérales enchanteresses ! 
     Les éclats de bois volent, les copeaux jonchent le sol : l'artiste est heureux. 

«
J'aime le bruit des outils lorsque je sculpte et j'adore les copeaux de bois ! ».
Sa femme, elle, se passerait bien des copeaux dans la salle à manger! 

Mais les artistes " martyrisent " leur entourage, c'est bien connu et Bernard ne conçoit pas de travailler ailleurs que dans le séjour. Il adore la compagnie ! 

Le bois
pour unique vêture

     Les merveilleuses nuances du bois se combinent pour mettre en valeur un village enseveli sous la neige, une méditation poétique, un envol d'oiseaux... Irisé, noueux, satiné, moiré, strié, le bois accroche la lumière, donne du relief et une touche intimiste aux créations. Pour Bernard, tout est prétexte à la réalisation d'une oeuvre d'art. Il choisit ses modèles au gré de ses rencontres et de ses envies. 
« J'aime la marqueterie pour le travail du bois mais également pour la liberté qu'elle me procure ».
Le plus souvent, il utilise des essences de bois de nos régions (le peuplier, le saule, le frêne ... ), 

mais il choisit également des bois venus d'ailleurs comme les bois d'Afrique, des bois précieux. Certains sont oxydés ou teintés dans la masse, ce qui offre une palette de couleurs extraordinaire. Car si la réalisation d'une oeuvre en marqueterie ressemble au tableau d'un peintre, elle ne possède aucune once de peinture.

«  Du bois, rien que du bois, souligne Bernard, c'est important que les gens comprennent qu'il n'y a aucun ajout ; ils prennent alors conscience de la richesse de ce matériau si noble ».

     Surtout ne restez pas de bois et laissez-vous fasciner par ses merveilleuses créations. Bernard Lacombe sera présent au Casino de Besançon jusqu'au 15 janvier, à Beure du 31 janvier au 12 février et à la Banque Populaire (Besançon) tout le mois de février avec l'association " Arte Vesontio ". Si vous aimez surfer sur le web, vous pourrez également découvrir son site Internet fort sympathique. De quoi réchauffer nos longues journées d'hiver !

Marie-Jo Gacek

 

 

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